Alors que notre espérance de vie augmente, nous sommes victimes de nouvelles maladies. Un des plus gros challenges de la science moderne sont les maladies dégénératives : le nombre de malades d’Alzheimer’s devrait doubler dans les 30 prochaines années. Le cerveau reste un organe mystérieux, dont nous commençons à peine à comprendre le fonctionnement.
Si on suspecte des facteurs environnementaux (comme la pollution, les toxines ou notre alimentation), le vieillissement grandissant de nos populations explique à lui seul cette explosion.
Que faire pour éviter ces maladies ?
Le Dr Mark Mattson est la référence quand on parle de jeûne court terme. Tout a commencé quand il a remarqué que les rats et les souris pouvaient vivre jusqu’à 35% plus longtemps en limitant simplement leur apport calorique (manger moins que la normale).
Pour réduire leur apport calorique, on espace les repas en ajoutant des phases de jeûne court dans leur alimentation (ça vous rappelle quelque chose ?).
Cette première expérience a ouvert des possibilités inimaginables jusqu’ici : en manipulant notre alimentation, on pourrait améliorer notre longévité. Depuis, les expériences se succèdent dans son laboratoire et révèlent de nouveaux mécanismes (autophagie, nettoyage, réparation de l’ADN), liés à la pratique du jeûne court terme.
Dans cet article, je partage avec vous les dernières découvertes du Dr Mattson et leur implications fascinantes pour notre santé mentale.
Pourquoi jeûner est bon pour la santé du cerveau
Être en surpoids met en risque de diabètes, maladies cardio-vasculaires, cancers… mais c’est aussi un facteur de risque dans les maladies neuro-dégénératives. Perdre du poids est donc la première étape vers une meilleure santé aussi bien physique – voir étude – que mentale – voir étude.
Le Fasting va d’abord nous aider, simplement en réduisant notre masse grasse.
L’idée que le jeûne va participer à notre bonne santé par d’autre mécanismes n’est pas nouvelle. Dans les écrits religieux, on retrouve beaucoup d’associations entre jeûne et bonne santé. Plus récemment, au début du 20ème siècle, l’auteur Upton Sinclair interview 250 personnes ayant fait un jeûne, pour son livre The Fasting Cure (1911) : la plupart d’entre eux ont noté une amélioration de leur santé.
Le premier mécanisme bénéfique de jeûner régulièrement est lié à nos réserves. Vous voyez, à chaque fois qu’on fait un repas, on remplit ses réserves de glycogène (sucre), qui mettent 10-12h à se vider. Cette réserve d’énergie est utilisée en priorité quand le corps en a besoin. Alors tant qu’elle n’est pas vide, le corps ne va pas brûler beaucoup de graisse.
Du coup, la plupart des gens ne font donc jamais appel à leurs réserves de graisses et utilisent uniquement le sucre apporté par leur alimentation. Pour la vider plus rapidement, on peut faire du sport… mais jeûner quelques heures le matin a le même effet, c’est juste un peu plus long !
Une fois qu’elles sont vides, le corps s’attaque aux réserves de graisse. Une conséquence de ce cassage de graisse est l’apparition de corps cétoniques.
Progressivement, le cerveau utilise alors ces corps cétoniques à la place du sucre. Ils sont métabolisés différemment, et affectent son fonctionnement de façon positive.
Cette adaptation face au jeûne modifie alors la structure du cerveau.
De meilleures aptitudes mentales
Pendant nos années de croissance, les neurones sont créés à partir de cellules souches, et développent ensuite des connexions entre eux (les synapses). Lorsqu’on finit de grandir, la création de nouveaux neurones s’arrêtent. On peut toujours développer de nouvelles connexions, en réfléchissant, en apprenant, en mémorisant… mais les fonctions cognitives se dégradent avec l’âge.
Dans ses expériences animales, le Dr Mattson a testé les aptitudes des souris après plusieurs heures de jeûne. Il a remarqué que les souris en état de jeûne finissaient leur labyrinthe plus rapidement que les autres.
D’un point de vue évolutif, c’est logique : ce serait dommage que le cerveau cesse de fonctionner lorsqu’on en a le plus besoin… quand il s’agit de trouver à manger.
En observant les adaptations neuronales, Mark Mattson a remarqué quelque chose de fascinant : que ce soit durant un exercice physique intense, pendant un exercice mental ou au milieu d’un jeûne, le cerveau produit des protéines spécialisées (appellées FGF), qui renforcent les neurones et augmentent le nombre de connexions – voir étude.
On comprend mieux comment stimuler son cerveau améliore les capacités mentales. Quelque soit l’origine du stimulus, toute forme de stress va pousser votre cerveau à s’adapter en produisant ces protéines.
Si vous faites un peu de sport avec une intensité suffisante, vous connaissez la difficulté de repousser ses limites, c’est un challenge. Mais une fois que c’est terminé, on se sent bien, détendu, de meilleure humeur… on dort mieux. Travailler intensément ou jeûner produit le même effet.
En plus de ces nouvelles connexions, une découverte récente est qu’on peut produire avec le jeûne de nouveaux neurones, au moins dans une partie du cerveau (l’hippocampe). Quelque chose qu’on pensait impossible il y a quelques années. J’en parlais plus en détail dans cet article.
Vous vous souvenez que lorsque les réserves de sucre s’épuisent, on produit des corps cétoniques ? Ces molécules, qui apparaissent lors du cassage de graisse vont aussi influencer le fonctionnement du cerveau.
L’influence positive des corps cétoniques
À l’époque des Romains, les épileptiques étaient considérés comme possédés. La seule façon de calmer les crises était de les enfermer dans une pièce, sans nourriture. Au bout d’un moment, les “démons” quittaient le corps du malade.
Ce que les Romains ignoraient, c’est que la production de corps cétoniques augmente avec le jeûne au fur et à mesure que les réserves de sucre s’épuisent.
Des siècles plus tard, on découvre dans les années 1920 qu’un régime cétogène (ou cétose, sans aucun glucide pour forcer le cassage de graisse, et donc la production de corps cétoniques) est une façon infaillible de stopper les crises d’épilepsie chez les enfants, sans aucun médicament. C’est encore aujourd’hui la meilleure façon de traiter ces maladies – voir étude.
Le premier effet, c’est que les corps cétoniques fournissent une source d’énergie alternative aux neurones (qui tournent au glucose en général) ce qui stimulent leur fonctionnement et les forcent à s’adapter à cette énergie alternative.
Dans le cas des maladies neuro-dégénératives, on remarque que les corps cétoniques protègent la dégradation des neurones et retardent ainsi le développement d’Alzheimer’s et Parkinson – voir l’étude.
Jeûner fréquemment aurait donc un effet protecteur contre ces maladies.
Le cerveau est donc protégé, mais d’où vient cette énergie supplémentaire ?
Mitochondries, sources d’énergie
On a remarqué que pendant un exercice intense, le corps produisait des protéines stimulantes (en anglais “Brain-derived neurotrophic factor”, ou BDNF). Ces protéines ont un double effet : augmenter le nombre de mithochondries dans les cellules nerveuses… et produire de nouveaux neurones dans l’hippocampe.
Les mitochondries sont un peu les générateurs d’énergie de notre corps. Plus il y en a, plus les neurones recoivent d’énergie et fonctionnent mieux.
Cette découverte explique les effets positifs du sport sur la concentration et la mémoire.
Et encore une fois, le jeûne a exactement le même effet que le sport : production de BDNF. Ainsi, un peu comme les exercices de résistance musculaires font forcer la création de nouvelles fibres dans vos muscles, le stress du jeûne poussent les neurones à créer de nouvelles mitochondries.
Il suffit donc de jeûner régulièrement pour obtenir des effets bénéfiques immédiats (plus d’énergie) et à long terme (plus de neurones) sur nos capacités cognitives.
Conclusion : ce n’est que le début
Les bénéfices de concentration dont je parle dans cet article, ne sont donc pas psychologiques, ou liés à mieux réfléchir lorsqu’on a pas à digérer le matin. Le stress léger du jeûne a des effets mesurables sur la santé de notre cerveau.
Grâce à la production de protéines spécialisées dans la stimulation et la production de nouvelles cellules, on obtient avec le jeûne des avantages comparables à la pratique d’un sport sur la santé du cerveau.
La recherche avance petit à petit sur le sujet, n’étant pas financée par l’industrie pharmaceutique. Sans médicament à vendre ou recherche de profit, les seuls sources de financement pour des scientifiques comme Mark Mattson viennent de crédits publics.
Mais face à l’impact grandissant des maladies neuro-dégénératives, aucun doute que ces mécanismes vont être étudiés plus précisément. En ce qui me concerne, je suis déjà convaincu par mon expérience personnelle. Que ce soit en perdant du poids ou la création de nouveaux neurones, je ne me suis jamais senti aussi bien.
Ceux qui pratiquent le Fasting, ressentez-vous ces effets positifs au quotidien ?
PS : Vous voulez essayer le Fasting ? Découvrez sur cette page la méthode complète, suivie avec succès par des milliers de lecteurs du blog.
arnaud says
Encore un super article motivant!
Merci.
Dominique GUICHARD says
Bonjour JB
je te confirme que le fasting est très bon dans plein de domaines et sur notre corps.
Depuis maintenant 11 mois que je le pratique Départ 82 kilos , maintenant et depuis 9 mois et demi entre 66 et 67 kilos maintenu ( fasting quotidien , je mange de TOUT et en quantité mais une fois par 24 h je suis en PLEINE FORME PHYSIQUE et INTELLECTUELLE ; j’ai 63 ans depuis le 17 juillet.
BRAVO encore et MERCI
Anne B. says
Bonjour !
Je fais du fast-5 depuis un bon mois et ne mange que de 16h à 21h, et j’ai constaté que j’étais beaucoup plus alerte le matin, je me réveille et me lève comme une fleur (alors qu’avant je n’étais pas du tout du matin), et je suis plus concentrée et efficace toute la matinée. J’ai l’impression d’abattre deux fois plus de travail. J’ai la chance de pouvoir m’organiser comme je l’entends pour mon travail, alors c’est tout bénef.
Par contre jeûner me donne froid, moi qui étais déjà frileuse… mais on n’a rien sans rien n’est-ce pas !
Doña says
Salut JB, effectivement depuis que j’ai commencé le fasting, je ressent les effets bénéfiques d’un point de vu physique mais j’ai également ressenti les effets positifs intellectuellement ( analyse et réflexion bien plus rapides ). Même oralement, je suis bien plus alaise face à un publique. J’ai la certitude que toutes les connexions se font bien mieux et surtout plus vite… Que du bonheur…
Merci JB
Fred says
Pour moi, ca fait pas encore assez longtemps, juste un mois, mais il est clair que je me sens mieux physiquement et mentalement. J’ai perdu de la graisse, mais je n’en suis pas encore à la graisse brune. Ca va venir. Je fais 3 matinées d’exercices physiques légers, et une matinée vélo pendant une demi heure, une heure. Le tout très légèrement, sans forcer pour ne pas se froisser. Je vais intensifier au fur et à mesure. Merci JB, ce blog est une source… D’Énormément de choses: bien être, info santé et autres…
à bientôt.
virginie says
Articles très intéressant, personnellement je fais le fasting depuis 5 jours seulement et je ne pensais pas m’adapter si vite moi qui comme toi est accro au sucre et au chocolat surtout! J’ai redémarré un rééquilibrage le 1er septembre ou pendant une semaine j’ai diminué énormément le sucre et mangé principalement des protéines et j’ai perdu du poids et cette semaine suite à la lecture de ton site et de beaucoup d’autre articles j’ai commencé le fasting! Et j’en suis ravie moi qui dévorais je ne pensais jamais m’adapter si vite! Je lis beaucoup plus depuis et je passe du temps à découvrir les biens faits de tout ceci, je me sens plus légère dans la journée et je ne me force surtout pas a manger! Je suis également sur le forum de Romain où je passe du temps et donc où je ne pense même pas a manger. Je pense que le Fasting est la meilleure chose qui soit arrivé dans ma vie, enfin l’avenir nous le dira. J’ai beaucoup de plaisir à lire tout tes mails, merci JB pour ce partage! Virginie
lopez says
Votre article JB est très intéressant. Il incite encore plus à jeûner chose que je fais de mieux en mieux et qui me procure un meilleur sommeil et donc moins de fatigue dans la journée.
Bravo pour vos articles bien articules. G.Lopez
caro says
Merci JB pour cet article fort intéressant. Je pratique le fasting depuis deux bons mois. Si la balance observe 5 kg de moins, je peux vous assurer que ce n’est pas le seul bénéfice. J’ai un moral d’enfer, un belle énergie, une grande confiance en moi et mes journées de travail semblent engendrer moins de fatigue psychologique… Mon entourage le ressent…le plus beau compliment en ce moment, ce n’est même pas « t’as maigri », mais c’est « t’as l’air d’être en super forme ».
arnaud says
Bonjour JB, j’espère que tu pourras me répondre. Je fais de la musculation et comme je fais attention à la quantité absorber je voudrais savoir si je bois de la protéine en poudre est ce que cela va casser la periode de jeûne?
Merci.
JB says
Oui, ça casse le jeûne !
arnaud says
Ok merci bien!
Stef says
Super cet article, personnellement je pratique le Fasting depuis 2 mois et demi et je pense que je perds plus facilement du poids mais pour ce qui est du changement au niveau état général je pense qu’il faut encore attendre quelques mois pour une réelle différence, mais quel bonheur de manger moins et de ne plus se sentir lourd.
Franck says
Salut JB
En effet, j ai remarqué que grace au jeune intermittent les capacités du cerveau sont comme améliorées, je suis plus réactif, je comprends plus rapidement, plus de faciliter à météoriser,… Les bénéfices se font également sentir au niveau physique, j ai l impression d’avoir un flux continu d’adrénaline dans le corps^^
J ai conseillé à quelqu un qui avait des analyses sanguines pas tres bonnes, surtout au niveau du cholestérol, 2,5get des triglycérides bien au dessus du seuil toléré, de tester le fasting. Elle l a respecte scrupuleusement et six mois plus tard, elle revient voir sa diabetologue. Au vu de des analyses elle ne comprend pas, après lui avoir donné plus traitement inefficace, les analyses se révèlent excellentes.
Merci le fasting 😉
YANNE says
Article très intéressant. Je suis à ma 2ème semaine de jeune intermittent, je suis moins fatiguée en journée et j’ai l’impression d’être moins lourde surtout au niveau du ventre. Cet article me donne une autre raison d’adopter le fasting.
Merci.
JB says
Oui, ça vaut vraiment le coup de continuer !
Valerie says
Bonjour,
Une chose que je comprends pas: la production de corps cétoniques. Avec le jeune, cela se produit après plusieurs jours (entre 48 et 72 heures). Alors comment on peut entrer en cétose avec un jeûne de 16h? N’est-ce pas simplement la diminution calorique qui fait maigrir? Ou alors le fasting doit obligatoirement s’accompagner d’une diète sans glucides ou très peu. Dans ce cas, à long terme, ce n’est pas tenable si on mange trop de protéines: cela surcharge les reins, acidifie et provoque de l’ostéoporose (car le corps va puiser dans les os le calcium nécessaire pour tamponner cette acidité en excès). Alors? Cétose apres 16h possible? Merci pour tes explications…
JB says
Quelques pistes :
– la production de corps cétoniques augmentent progressivement, ce qu’on observe après 48h de jeûne c’est un niveau de saturation (on peut donc mesurer dans l’urine)
– on maigrit sans être en cétose, pas besoin de supprimer les glucides pour ça !
– je n’adhère pas à la thèse de l’équilibre acido-basique, mais on peut augmenter les graisses, pas besoin d’un régime riche (>30% des apports) en protéines